Qu’est ce que le radon ?
Le radon est un gaz radioactif naturel ayant les propriétés des gaz nobles : invisible, inodore et chimiquement inerte. Il est produit par la désintégration du radium, provenant lui-même de la chaîne de désintégration radioactive de l’uranium contenu dans certains minéraux des sols. Il existe trois isotopes du radon (219, 220, 222) mais le radon 222 est le seul qui ait une période radioactive (demi-vie) assez longue (3,8 jours) pour migrer jusqu’à la surface et y rester assez longtemps pour engendrer un risque pour la santé. En effet, le radon, en se désintégrant par émission alpha, crée des descendants solides qui sont eux-mêmes radioactifs : le polonium, le plomb et le bismuth.
Où trouve t’on du radon ?
A la surface de la terre, le radon est toujours présent dans l’air ambiant mais à des teneurs variables dépendant de facteurs géologiques, atmosphériques et humains. Les facteurs géologiques sont liés à la nature des sols dont la teneur en uranium (source du radon) et les caractéristiques particulières (porosité, failles…) permettent au radon de sortir des sols (exhaler) plus ou moins rapidement.
La cartographie du potentiel radon des sols du territoire français, élaborée par l’IRSN, est basée principalement sur ces facteurs géologiques. Les facteurs atmosphériques (pression, température, neige, pluie…) ont des effets à la fois sur l’exhalation du radon des sols et sur sa dilution dans l’air extérieur mais aussi sur son accumulation dans les espaces clos ou mal ventilés et plus généralement dans l’air intérieur.
Enfin, les facteurs humains sont les plus complexes à appréhender et peuvent être classés en deux grandes catégories : ceux liés à la qualité de la construction du lieu de travail vis-à-vis du radon (étanchéité et ventilation) et ceux liés aux conditions de travail dans le lieu considéré (réglage et entretien des systèmes de ventilation, de chauffage ou de climatisation ; ouverture des fenêtres ou portes…).
De plus, certaines activités professionnelles ou lieux de travail spécifiques peuvent engendrer des accumulations particulières de radon du fait de la présence d’eau souterraine, de sources de chaleur ou de ventilation drainant plus de radon, de lieux très confinés ou en milieu souterrain… Ces lieux ou locaux de travail spécifiques vis-à-vis de l’accumulation du radon doivent faire l’objet d’une attention toute particulière dans le cadre de l’évaluation du risque.
Quels sont les risques sanitaires liés au radon ?
Pour la population française, l’exposition au radon constitue la première source d’exposition aux rayonnements ionisants d’origine naturelle. Cette exposition est déjà en moyenne supérieure à la dose efficace de 1 mSv.an⁻² qui représente la valeur de référence au-delà de laquelle des dispositions de prévention et de protection spécifiques vis-à-vis des risques liés aux rayonnements ionisants s’appliquent. Ces dispositions complémentaires constituent le système renforcé de radioprotection. C’est pourquoi ce n’est pas cette valeur qui a été retenue pour les travailleurs pour entrer dans le système renforcé spécialement conçu pour leur protection vis-à-vis du risque radon. En effet, le radon est un problème de santé publique car son exposition touche l’ensemble de la population, principalement dans l’habitat, et plus particulièrement, les travailleurs sur leurs lieux de travail.
Depuis 1987, le radon est classé comme cancérigène pulmonaire certain pour l’homme (groupe I) par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’Organisation mondiale pour la santé (OMS). L’exposition à la fois au radon et au tabac augmente de façon majeure le risque de développer un cancer du poumon. De ce fait, le radon constitue la seconde cause de cancer du poumon, derrière le tabagisme. D’après les dernières études de l’IRSN et de Santé publique France (2018), 3 000 décès par cancer du poumon par an en moyenne seraient attribuables au radon en France, soit environ 10 % des décès pour ce type de cancer.
Les risques liés au radon ne sont pas dus uniquement à sa propre désintégration. Ils proviennent même pour l’essentiel de ses descendants radioactifs à vie courte (polonium, plomb et bismuth). C’est pourquoi la dose efficace due au radon doit prendre en compte l’énergie alpha potentielle (EAP) du radon et de ses descendants à vie courte ainsi que le facteur d’équilibre (F) entre ces derniers. Pour simplifier ce calcul, un facteur de conversion, tenant compte de l’EAP, est établi par voie réglementaire. Concernant le facteur d’équilibre (F), il est en général de l’ordre de 0,4 dans les lieux de travail des bâtiments tertiaires (bureaux). Cette valeur est retenue par défaut pour déterminer le coefficient de dose lorsqu’on procède au mesurage du radon dans des bâtiments. Cependant, outre dans les bâtiments, les lieux de travail peuvent aussi se situer dans des ouvrages ou des cavités souterraines pour lesquels le facteur d’équilibre peut varier fortement en fonction d’un confinement particulier, de l’empoussièrement, de l’aération naturelle, d’un système de ventilation mécanique… C’est pourquoi, dans certains cas, la détermination de l’EAP et du facteur d’équilibre peuvent être nécessaires pour estimer la dose reçue par les travailleurs exposés.